«Ayarak» est un terme Inuit, mais la chose qu'il désigne est connue dans le monde entier : la ficelle. Plus précisément, elle décrit une corde utilisée dans un jeu pratiqué depuis des générations par les populations autochtones du Canada. On noue les deux bouts, on glisse la ficelle autour des mains et on forme des figures en tissant des rapports de l'une à l'autre, à l'aide parfois des dents ou encore d'un partenaire.
Les Inuits nomment «Ayarauseq» ces figures. Elles représentent le phoque, la baleine, le caribou, la mouette, l'étoile, le harpon, la tente, la lampe et encore le chasseur qui rampe, l'homme qui a les yeux très sépares... Elles sont des mots.
Et j'imagine que, de part et d'autre, on regardera avec nostalgie ces combinaisons de ficelle, inventées dans le Cercle arctique, rigoureuses, répétables et trans missiles comme des théorèmes et aux lacets desquelles se prennent l'ours blanc ou le corbeau.
Jean-Paul Riopelle